"Fior' di Nebbiu" Muratu

            Cette tradition des chasseurs Muratais avait été abandonnée depuis quelques années pour de confuses raisons. Bien que le méchoui ne soit pas une recette de tradition insulaire, il y avait une demande incontestable. Elle a été satisfaite cette année au milieu du mois d'août, juste avant l'ouverture de la chasse.          

  Les Muratais et les amis lointains ont ainsi pu se retrouver grâce à la conjugaison des efforts de " Fior di Nebbiu " et  de " l'Association des chasseurs ".             

Plus de 200 personnes, réunies sous les châtaigniers "  di u pentanu" ont pu ainsi goûter à ce mets  si particulier des réunions campagnardes qui nous vient d' outre-mer et que les Corses ont désormais adoptés! Mais elles ont pu aussi communier avec la culture corse grâce aux frères Rivoveri qui savent si bien animer mais aussi transmettre ce qui fait la richesse de nos chants.             

  Une tradition perdue qui renaît et le village revit!

L'idée était belle...  partir à pied ou à cheval depuis les villages alentour pour escalader le monte Astu et se retrouver autour d'un spuntinu amical et champêtre.

    L'idée venait de San Gavinu, mais San Gavinu n'est pas venu. A "Fior di Nebbiu", nous l'avons immediatement adoptée mais aussi mise en oeuvre. Rendez-vous avait donc été pris le jour de l'Ascension, le 17 mai.

   A partir de Murato, à "u ponte novu" qui franchit le Bevincu, l'ascension fut longue et difficile : 15 kms de parcours et 1000m de dénivelé pour atteindre  le Monte Astu à 1553 m d'altitude. Seuls les marcheurs confirmés étaient invités à la fête. Car chaque randonnée est pour nous une belle fête de partage et d'amitié.

   Le parcours, reconnu et bien préparé par nos spécialistes Bruno et Philippe, était parsemé de petites fontaines, des oasis de fraîcheur où une partie de la trentaine de marcheurs, ceux qui étaient les moins aguerris, a pu faire halte pour réparer ses forces et attendre l'heure du retour.

   Vers le col de Tenda, chacun a pu admirer les hordes de chevaux sauvages galopant en liberté à chaque tentative d'approche. Quel spectacle splendide, quels sentiments élevés!

   Après l'ascension du Monte Astu d'où la vue s'étend vers le Cap, la Balagne et même vers l'étang de Chiurlinu, un panorama unique et merveilleux qui s'offre aux regards épuisés mais ravis, les retrouvailles ont eu lieu au pied du mont, à la source d'eau fraîche et abondante où une troupe de cavaliers, à l'allure fière et martiale, nous attendait pour rompre le pain de l'amitié et partager un spuntinu réparateur, le tout dans une ambiance chaleureuse et fraternelle.

   Après un bon repos au milieu des grands houx en fleur, ce fut le chemin du retour, les jambes lourdes et le coeur léger, objectif " le ponte novu " non sans un dernier regard vers ces chevaux sauvages gambadant sans entraves et sans maîtres, symbole de notre liberté.

        Combien y a t' il de Saint Jean dans la liturgie catholique? Combien y a t' il de chapelles dédiées à St- Jean de part le monde? Seul Saint Jean bouche d'or pourrait le dire. Mais pour nous il n'y a qu'une seule chapelle qui ravive les souvenirs et attise la mémoire, c'est celle qui domine le village de Muratu et qui, de son remarquable clocher triangulaire, une curiosité chez nous, sonne le déroulement des heures et rythme la vie du village.

       L'Association " Fior di Nebbiu ",  forte de sa fusion avec le Comité des fêtes, a voulu, en cette année 2006, célébrer la Saint Jean avec éclat.

      D'abord par la présence du sympathique chanteur Éric Mattei qui est venu, avec gentillesse et simplicité, nous charmer de sa belle voix et nous rappeler aussi, grâce au talent de Jean Baptiste Giacomoni, les temps anciens où Fior Avante, un homme d'avant garde, nous émerveillait chaque semaine grâce à son cinéma ambulant qui faisait aussi la joie de tout le Nebbiu. Que de souvenirs, ce soir là, sont remontés à la surface! Au rythme des musiques séléctionnées par Christophe, on a ensuite, comme jadis, dansé sur la place autour d' un buffet bien garni.

      Mais la Saint Jean a été aussi l'occasion de célébrer l'unité retrouvée car, comme l'a dit le Président dans son discours de bienvenue: "L'unité est la plus belle chose qui puisse arriver dans un village "

Rendez-vous au " fer à cheval "

  Celui qui n'a pas admiré les pins laricio, " i làrici ", aux énormes troncs centenaires, aux écailles luisantes comme peau de crocodile et aux branches majestueuses tendues vers le ciel pur du Niolu,

celui qui n'a pas vu la cascade de " Radule " plonger vers les vallées du Golu ni les bergeries haut perchées et dont on se demande qui a eu l'idée de les planter là,

celui qui n'a pas répondu à l'appel du 17 juin ne peut pas connaître le plaisir infini des randonneurs de " Fior di Nebbiu " à qui l'ami François Tomasi, le roi de la randonnée, avait donné rendez-vous le samedi au fer à cheval, en pleine forêt de Valduniellu, pour s'en aller , avec l'association "a Rundinella " vers les bergeries de Radule pour une première mise en jambes. Le spectacle offert valait bien l'effort consenti.

Vers Soccia

C'est le village du bout du monde. Il a fallu toute l'habileté de Guitou Mazzoni pour que le car flambant neuf puisse atteindre sans égratignures le village d'abord, perdu au fond de la vallée, puis l'hôtel " u paese ", perché tout en haut, à flanc de colline et presque inaccessible. Du balcon un spectacle grandiose s'offre à la vue, sétendant jusqu'à Sagone. L'accueil fut des plus chaleureux. Le repas au restaurant " a merendella ", très attendu après l'effort, a tenu toutes ses promesses. Après quelques airs de musique d'un village en fête chacun a pu gagner un repos bien mérité et réparer ses forces pour les épreuves du lendemain.

Le lac de Crena

C'était le but du voyage. Frais et dispos, au matin chacun était sur le pont. Un premier groupe se dirigeait vers le lac pour une promenade facile. Le second faisait un détour par la chapelle " Sant' Eliséu ". Plantée sur un promontoire, elle permet de découvrir toute la vallée de " Fiume Grossu"  avec ses petits villages nichés au creux d'une nature luxuriante. La vue s'étend même  au delà car on aperçoit le monte d'Oru et le Rotondu. Comment traduire en quelques mots les images qui s'impriment et les sensations qui s'expriment en phrases d'admiration? Et le plaisir d'arriver sur nos champs élysées à nous par une petite sente étroite? Le spectacle n'était ni moins lumineux ni moins grandiose que sur les "Champs " mais il était assurément plus vivifiant et plus intense. On pouvait goûter là le silence des espaces infinis.

Et que dire du lac? Une belle étendue liquide débouchant sur une vallée aux à-pic vertigineux, des nénuphares bariolés qui dansent lentement sur l'eau, des cannes fleuries faisant fouillis qui dodelinent sous le vent léger? Et des grands pins toujours, arborant leurs troncs majestueux et nous protègeant du soleil, qui, pour l'heure du repas, dardait ses rayons brûlants.

Enfin , un grand merci à François pour sa patience, pour sa présence, pour nous avoir simplement permis de découvrir sa belle région. Merci aussi à ses amis qui, pour notre confort, avaient apporté à dos d'âne un véritable repas de fête " un' pranzu ", au guitariste de la " Rundinella" et aux belles voix qui ont mis une touche finale de convivialité et de véritable amitié à cette belle escapade.

L e jour de l'Ascension n' a pas été choisi à dessein pour offrir pentes raides et escalades. Bien au contraire, le parcours tracé par Bruno et Philippe, partant de "Campadile" à Murato, pour se terminer à Soriu, était plutôt facile.

Aussi, plus de cent personnes s'y sont retrouvées pour marcher et pour écouter les explications très documentées de Domi Graziani qui égrenait le parcours de commentaires sur les édifices en ruine rencontrés au fil de notre marche. Grâce à lui,  cette balade récréative et néanmoins sportive, fut aussi un moment de réflexion et de connaissance.

Et au bout du chemin, après quatre heures de marche d'une colonne s'étirant au gré des capacités ou de la fantaisie de chacun, la récompense: Le "pastis" et le sourire de Lucie et Félix. Avec Jean Batti aux fourneaux pour ses célèbres "scheccette", ils nous attendaient sur la place du village où les tables dréssées sous les platanes nous offraient un repas aussi plantureux que roboratif.

Après le repas, les plus courageux, sans attendre le car du retour, rejoignaient à pied Murato par la route. Une façon de prolonger le plaisir et d'emmagasiner encore plus de souvenirs et d'odeurs du maquis.

Le succès de cette belle balade où même le soleil était au rendez-vous, en appelle d'autres. Il laisse augurer d'une autre randonnée vers les lacs de montagne à partir du village de Soccia qui aura lieu les 17 et 18 juin 2006.Nous serons accompagnés et guidés par François Tomasi pour qui la montagne Corse n'a plus de secrets.

L'Association "Fior di Nebbiu" dont le siège se trouve à Murato, a depuis longtemps réalisé l'ambition d'animer le village et ses alentours pendant la morte saison, à cette époque où la Corse, les touristes partis, a tendance à se renfermer dans le silence de l'hiver.

Sans tapage , mais avec perséverance,l'Association, animée par des responsables volontaires et dévoués, toujours au service des adhérents et même au delà, a organisé fêtes et sorties pour le plus grand plaisir de tous.

Le succès aidant, nous avons dû développer des activités plus diversifiées pour satisfaire toutes les envies.En effet, la balade en montagne de l'an dernier, vers le "sbollaru" et le refuge des chasseurs nous a donné le désir de réitérer l'experience pour 2006.

Merci à tous pour votre accueil et à bientôt pour un prochain article ainsi que des photos prises lors de la randonnée de l'Ascension.

                                                         Sixte Ugolini, Président de "Fior di Nebbiu"